lundi 31 octobre 2016

Juste le temps de s'habituer ...

Le titre est assez nébuleux, mais vous allez bien vite comprendre.

Nous sommes restés en Arizona, à Tucson, de Novembre 2013 à Juin 2015 et ensuite en Ohio, à Columbus de Juin 2015 à notre futur départ en Janvier 2017. Ce qui donne respectivement 20 mois et 19 mois. Et ces quelques mois de chaque sont à la fois longs et courts. Je m'explique.

Je me rends compte à 3 mois de déménager en Californie, que je ne suis restée dans une ville, un état aux U.S.A. que le temps qu'il fallait pour être juste à l'aise, juste le temps de m'habituer à la ville et à la parcourir sans avoir recours à mon ami le GPS.

S'habituer à vivre dans une ville c'est quoi ? C'est commencer à connaître les bonnes adresses et retourner plusieurs fois au même endroit. Nous ça ne nous arrive que rarement, puisque le temps qu'on teste tout ce qu'on voulait tester, il est souvent l'heure de déménager.


S'habituer c'est aussi, avoir ses amis expat', aller les voir quand le temps est propice et avoir l'habitude de manger avec eux, de parler de tout et de rien, de jouer au Tarot ou à la pétanque, d'aller à ce bar, à cet endroit qu'on aime bien, passer deux heures à décider où on va aller et finalement retouner à l'endroit où l'on avait été la semaine passée. Et puis, on le sait, on se fait à l'idée qu'on va devoir dire aurevoir, les gens partent, arrivent, reviennent parfois ... C'est pas simple, parce ces amitiés là forgées dans l'urgence et la précipitation, sans nos familles, sont assez fortes, on partage beaucoup, on se rend service "Tu viens me chercher à l'aéroport ? Tu peux venir aroser mes plantes ? Garder le chat ?", on s'invite, on passe de bonnes soirée ensemble, parfois des nouvel an !

Il en va de même avec les amitiés américaines, elles sont différentes puisque plus lentes à devenir fortes mais très douces lorsqu'on se rend compte que ce sont de vrais amis qu'on a ! Pas juste des connaissances "plus". Et du coup, le départ est aussi très compliqué pour eux, pour nous. Nous avons eu la chance de revoir une très bonne amie d'Arizona lors de son road trip mémoriel et cela m'a donné beaucoup de joie ! Même si l'occasion était triste, la voir m'a fait du bien ! Et maintenant il faut songer à nouveau quitter une nouvelle fois une ville qu'on a appris à apprécier, ce joli midwest, des amis qui ont déménagé avec nous (le Chef du Grand, sa femme, ses enfants, nos collègues), les amis qu'on s'est fait ici, les enfants que j'adore ! Et c'est je crois cette "part" humaine qui me déchire le plus ! Je sais que nous ne serons pas seuls en Californie, je sais même qu'on est attendu (par les gens du labo du grand) qu'on a un ami de Tucson là bas et que nous ferons de nouvelles connaissances, mais c'est ce confort qu'on quitte de nouveau, cette tranquilité et ce quotidien.

Déménager tous les 20 mois c'est ça, ne jamais être à l'aise quelque part pour très longtemps. Et au final ne jamais vraiment savoir où est la maison.

Ce "chez soi" au final c'est où ? La France ? On n'y vit plus depuis 3 ans, c'est la "patrie", c'est notre citoyenneté, mais au final, au quotidien on ne vit plus les événements, les joies, les peines. Lorsqu'il faudra voter, quelle légitimité aurons nous ? Chez soi c'est où l'on vit, alors ? Chez moi c'est Columbus ? Une ville au demeurant sympathique mais à laquelle je n'ai pas d'attaches particulières. Chez moi c'est quoi ? C'est cela qui fait qu'on est tiraillé, chez moi ce n'est plus vraiment la France et pas vraiment les U.S. non plus. Chez moi, c'est là où se trouve les gens que j'aime ? Oui mais ils sont partout ! En Arizona, à Columbus, en France (partout en France !), en Italie, au Maroc ! Du coup, cela voudrait dire que je n'ai plus de "chez moi" ?

Je me suis fait cette reflexion la dernière fois et si triste qu'elle soit, mon chez moi n'est pas matériel, ce n'est pas un appartement, une maison, un lieu, c'est un sentiment. Un sentiment de douceur et de bien être. C'est là où je me sens bien et je me sens bien là où se trouve mon Grand et mon poilu ! (oui mon mari et mon chat, pas l'inverse !) Et sans doute là, où un jour viendra peut être où seront nos enfants. Du coup mon chez moi, ce n'est pas nul part, c'est un peu partout ! C'est en Arizona, c'est à Columbus, c'est en France, ce sera dans la baie  de San Francisco.
Cette notion toute personnelle s'accompagne aussi d'un questionnement légitime de la part des gens qui me connaissent et qui à chaque fois que j'annonce qu'on déménage, me demandent "Alors vous rentrez ?".

Cette question à beaucoup évoluée. Quand on est parti "Vous partez combien de temps ?" On ne savait pas. Quand on à quitté l'Arizona "Vous rentrez en France après ?" On ne savait pas. Et quand j'ai annoncé notre départ pour la Californie "C'est pour combien de temps ?" On ne sait toujours pas. C'est aussi ça, nos incertitudes, on les transmet à nos familles, nos amis. Donc, eux aussi ont tout juste le temps de s'habituer à l'endroit où l'on vit que l'on part déjà.

Mais je vous avoue un truc, le temps de notre départ approche et j'ai l'impression qu'hier on venait juste d'arriver, le temps est passé très vite ici, on a vécu beaucoup de choses, beaucoup d'espoirs, de déceptions aussi à chaque inetrview on s'est demandé si on allait rester, je regardais les maisons à acheter dans Columbus, et finalement ici aussi il faudra dire aurevoir.
En faite, j'aimerais prendre plus que le temps de m'habituer à une ville, je voudrai vraiment la connaître ! Je ne sais pas si on aura cette chance en Californie, on verra, mais pour 10 ans ou pour 20 mois encore, je suis ravie de partir à la découverte de cette nouvelle vie !

4 commentaires:

  1. ça forge le caractère ! et c'est très enrichissant meme si ça peut laisser du vide Ma

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    1. tu m'étonnes ! :) j'adore ces passages pas du tout stressant !

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  2. Tu sais qu'il y du monde à rencontrer là-bas ;)
    Au fait tu sais dans quel coin de la baie vous compter habiter ?

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    1. Ah oui ;) Ce serait bien fun :)
      On pense habiter du côté de Concord, près du boulot de mon mari, le but est de continuer à vivre avec une seule voiture.

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