dimanche 18 janvier 2015

Histoire des Tissus en France

Ah ! Nouvel article que j'avais envie de faire depuis un moment.

J'avais envie de faire un peu d'Histoire en me basant sur un ouvrage (une fiche de lecture quoi !) et j'ai eu l'idée de fouiller dans mes anciens dossiers de Master (oui c'est du réchauffé !) et voilà donc après quelques remaniements une petite Histoire des tissus en France.

Ce texte se base essentiellement sur l'ouvrage d'Alexandra Frau, Histoire des tissus en France, Tours, 2010. (Excusez, pas de traduction en Anglais ...).

De plus, je pense que ce petit texte peut être assez utile dès lors que l'on veut se lancer dans le costume, les Historiens ne sont pas tous ennuyeux et pédants ! (Et Lorànt Deutsch n'est pas Historien ce qui ne l'empêche pas d'appartenir à la seconde catégorie :p)

Introduction
Au siècle des lumières, le tissu est une source inépuisable de mode. Les première soies peintes recouvrent les murs des belles demeures avant d’aller garnir les armoires des élégantes. Il en est de même pour les indiennes dont tous les mondains vont se parer. Madame de Pompadour, sensible au style de ces cotonnades, en tapisse les murs de plusieurs de ses demeures.

Le fil
De la qualité du fil dépend la noblesse d’une étoffe. Qu’il soit de laine, de coton, de chanvre ou de soie il se décline en plusieurs qualités. Les étoffes pures fil, tissées à partir des fibres les plus longues offraient une résistance et une tenue plus grande.

La laine 
Employée depuis toujours la laine empli les armoires des foyers des plus riches aux plus modestes. A la campagne les familles se contentaient du produit de la tonte de leur cheptel pour tricoter des bas de laine, ou encore tisser d’épaisses couvertures ou des tuniques de grosse futaine.
Dans les milieux plus riches la laine connait un grand succès depuis le moyen-âge. Elle fait la fortune des drapiers, placés en haut de la hiérarchie de ce vaste commerce. Cet engouement provoqua la mise en place de manufactures royales, et chaque région fabriquait des draps de qualités différentes. Bayonne fut rendue célèbre pour ses poils qui servaient de lisière aux draps. La région se fit connaître également pour ses draps noirs, à base d’un mélange de poils d’autruche et de chameau.
Les produits luxueux favorisaient les fibres les plus longues, favorable à un filage et à un tissage plus sec rendant les étoffes plus belles et plus résistantes. Le mohair faisait partie de ces belles laines, ce poil de chèvre angora offrait un lainage léger et soyeux au toucher
De la filature dépendait la qualité et la solidité du fils obtenu. Seule une laine filée très fins et très régulièrement pouvait donner un tissu plus léger et plus résistant. La fibre de laine de cessa de séduire, que ce soit au moyen-âge, ou au XVIIIe siècle avec les droguets. Parallèlement un gout pour les lainages plus légers ouvrait la porte aux étamines (étoffes mince non croisée et peu serrée pour les chemises) aux serges, aux tiretaines, aux droguets également.

Le lin
Le lin est associé dès le début à l’idée de légèreté et de pureté et donne son nom au « linge » (venu de linga, d’où est extraite la fibre). A la fois solide, brillante, fraiche et légère, cette fibre donne des tissus qui se froissent avec élégance. Malgré toutes ces qualités, les paysans sont fort peu enclins à la cultivé. Sa récolte et sa préparation son jugées fort ingrate et de ce fait dissuadait ceux qui voulait bien la cultiver.
La fibre de lin était issue du pourtour de la tige, et non de l’intérieur, de ce fait elles étaient arrachées à la main, puis séchées au soleil. Après la moisson du blé, les tiges sont plongées dans l’eau tiède, et maintenue au fond par un poids. On les fait de nouveau sécher au soleil, la tête en bas, puis une fois sèche, on les broie, alors on peigne pour séparer la fillasse.
Du gros lin rêche au toucher aux fines batistes diaphanes, en passant par les lourds sergé, il en existait plusieurs qualités. Le lin se tissait plus ou moins finement. Du coutil au cainsil, l’éventail était large et les usages variés. Le coutil, grosse toile à trame serrée, convenait par sa lourdeur et sa robustesse aux vêtements du dessus qui s’usaient beaucoup plus vite. Pour les chemises de travail en coutil, le lin était lainé sur l’envers pour ne pas meurtrir la peau. C’était un textile bon marché, dans lequel les femmes taillaient volontiers des doublures, des corsets, et des tabliers.
Le cainsil était quant à lui réservé à la fabrication de chemises élégantes, et des voiles dont se couvraient les femmes. La légèreté et la transparence du couvre-chef, un tissu très léger en lin, seyaient parfaitement aux voiles. A leur tour bonnets, velettes, engageante, mantilles, bagnolettes, petites capelines, barbe set battant l’œil que les dames nouaient autour du menton, faisaient la part belle au lin.

Le chanvre
Le chanvre, cette grosse filasse bien robuste servait à fabriquer les vêtements de tous les jours, et le linge de maison. Les paysans, en cultivaient quelques hectares pour leur consommation personnelle, ils le filaient et le tissaient eux mêmes. La France devint ainsi le plus grand cultivateur de chanvre. Le chanvre le plus fin dit « de plein » était utilisé pour les chemises. Si le chanvre produisait des vêtements à moindre frais il était difficile à travailler. La technique à laquelle il fallait recourir pour la culture et les apprêts s’apparente à celle utilisée pour le lin. Mais le résultat obtenu n’était pas aussi flatteur que celui dû au travail du lin. Le chanvre gardait une couleur rouille secrétée par la fibre et une grande rugosité. Malgré tout les femmes y taillaient leurs chemises de nuit, quelques draps, le corps des chemises, dont les extrémités pouvaient être réalisées en lin ou en coton. Avec le rebut de filasse (l’étoupe), dont les brins étaient trop courts pour être tissés, elles confectionnaient des paillasses ou de grossiers tabliers.

Le coton
C’est au XIVe siècle que l’idée de tisser le coton est venue, auparavant on ne savait que faire de cette bourre étrange. Les tisserands commencèrent à tisser les premiers métis. La fameuse futaine, à chaîne de lin ou de laine et à trame de coton, dont étaient faits les cotillons, remonte à cette époque. Le coton n’était employé que dans les basins, et les futaines, produit en petite quantité. Le basin, mélange de lin, ou de chanvre et de coton, se déclinait sous plusieurs formes. Les moins bonnes qualités étaient utilisées pour les rideaux ou meubles de bains. A la fin du XVIIIe siècle, les tisserands sont parvenus à métamorphoser ce métis en une étoffe très fine, d’une grande blancheur très recherché par les mondains.
Hormis cette forme de métis, l’usage du coton ne France est encore assez limité. Il arrivait par balles entières, dans les ports de Marseille, Nantes, ou La Rochelle sans qu’il ne suscite trop de convoitises. Les blancardes, bouracands, et berluches à chaînes de fils et trame de laine, dont Rouen s’était fait une spécialité, étaient de piètre qualité. Il fallut attendre l’arrivée des indiennes pour que les qualités du coton soient enfin révélées.
Ces étoffes habillèrent d’abord les intérieurs, lit ou bassin, et ensuite elles remplirent les armoires (robe de chambre, mouchoirs de cou). Aux côtés des indiennes, étaient débarqués, des marchandises dites « blanches » par al compagnie française. Une vaste quantité de calicots, de toile, de « garas », de taffetas, d’organdis, de « guinées blanches », déstinées à être employés tels quels étaient importés. Ces fines mousselines et cotonnades se prêtaient facilement aux broderies, et repassages empesé.

La folie des couleurs
Au début la palette des couleurs était relativement réduite. Le bleu, le rouge, le jaune, le noir, faisait partie des couleurs dites simples à partir desquelles les teinturiers pouvaient obtenir toutes les teintes possibles en les mélangeant les unes aux autres, ou en ajoutant divers produits. Durant la coloration du tissu, il arrivait que les teintes soient modifiées. Certains mordants comme l’étain mélangé au Kermès, un insecte parasite du chêne Kermès, qui donnaient la fameuse couleur écarlate des Gobelins.
Les lissiers du M-A disposaient d’une vingtaine de tons, au XVIIIe siècle, ils n’en ont pas moins de 14 000 à leur disposition. Cette profusion commence à l’époque où le nouveau monde est découvert. Le rocou apporte une note acidulé à la palette des jaunes orangés, la cochenille venu du Mexique complète la palette de rouge. Sa rareté en fait une couleur d’exception, et tous les jeunes hommes se font peindre vêtus d’écarlate. Le cramoisi est une autre couleur qui revient fréquemment dans les descriptions de tissus, ce terme sous entendait moins un couleur éclatante, qu’une couleur d’excellente qualité. De même l’évocation du pourpre laisse imaginer des nuances allant du rouge profond, au bleu, jusqu’au violet. Cette couleur cardinalice provenait du liquide colorant issu de coquillage. Le rouge pouvait également être obtenu à partir de végétaux. Par exemple la carthame donnait un rose clair, mélangé à l’alun et au tartre, on obtenait un rouge orangé. Dans des tonalités plus soutenues, il convient d’évoquer le rouge garance, extrait de la plante du même nom. C’est avec la garance que l’on fabriquait le rouge andrinople, dit aussi « rouge turc » importé près de Rouen à Darnétal.
Les jaunes provenaient de plantes comme le curcuma, la gaude, le genêt, la sarette, le safran, ou le fustet dont on tirait le fameux jaune provençal. La gaude était appréciée par les teinturiers sur soie, sur coton ou sur laine, pour ses couleurs solides. Ses tonalités oscillaient du jaune éclatant au vert pâle lorsqu’elle était mélangée à du cuivre.
La mode des couleurs au M-A est remplacée par la mode du noir, lorsque les teinturiers réussissent à fixer cette couleur, la cour de bourgogne s’entiche de cette couleur, dont elle transmit le gout à la cour d’Espagne, cette couleur faisait très bien ressortir les bijoux, et les brelots dont les grands se paraient. Le noir devint ensuite la couleur de prédilection du luxe et de la discrétion, faisant la part belle aux draps de Flandres parmi les plus fins, et les plus couteux à l’époque. Le noir était une couleur difficile à obtenir virant bien trop souvent au gris. Les plantes d’où étaient tirées produits tannant étaient les chênes (noix de galles), le noyer (brou de noix), du châtaigner (écorce) ou du sumac. Les noix de galles mélangées au sel de cuivre et de fer avaient tendance à assombrir davantage les teintes.
Le blanc éclatant de maintenant n’existait pas, les couleurs les plus approchantes étaient obtenus au prix de longues heures de travail pour les blanchisseuses. L’importation des indiennes de fit que renforcer ce gout pour le blanc.
Le bleu était la couleur par excellence, il entrait dans la composition d’autre couleur, et permettait d’obtenir plusieurs valeurs d’une même teinte. Les bleus venaient de diverses plantes : le pastel, l’indigo, et la guède. Dans l’antiquité, l’indigo naturel était tirer des feuilles de pastel, pourtant il ne tient pas à la teinture. Au XIIe siècle le bleu si caractéristique est extrait des feuilles de l’indigotier. Au XVIIIe siècle cette couleur est réservée à la famille royale.
Le marron fut une couleur communément adoptée par les paysans. Comme pour le noir les teinturier utilisent des plantes à tanin. Ils obtenaient du brun à partir du sumac ou du cachou.

Les fripes
Pour qui n’avaient pas les moyens de s’offrir la dernière mode en matière de vêtements, il existait les friperies. Les populations se contentaient souvent de vêtements de seconde main. Il était permit aux fripiers d’enjoliver, et de retraiter les vêtements qu’ils revendaient.
Les tissus faisaient partis de la vie courante, et de réemployaient et se transmettaient jusqu’à ce qu’il ne reste plus que des lambeaux. Les femmes s’évertuaient à repriser les vêtements, et on remarque que le patchwork n’est pas seulement anglais. Nombre de caracos de la fin du XVIIIe siècle témoignent de cette économie domestique. Avec des tissus mis bouts à bouts on fabriquait de nouveaux vêtements. Ceci explique la présence, dans certain inventaire après décès, de tissu dits "mi usés" ou "mi neufs, mi usés".

Les tissus du labeur
Le costume masculin de tous les jours se caractérisait par une grande sobriété. Ils e composait souvent d’un gilet porté sur une chemise de toile ample en lin ou en chanvre dont le pan le plus long pouvait servir de caleçon et éviter le contact rude du pantalon. Le pantalon était de teinte noire ou brune, en futaine ou en coutil. La garde robe des paysannes était aussi simple et comportait peu de pièces ; un casquin d’indienne, trois jupons, dont un en serge, un en indienne, et un dernier en siamoise rayée bleue et blanche, un tablier de toile, deux paires de bas de coton et de laine pour l’essentiel. Mais le costume paysan n’était pas fait uniquement de grosse étoffes, rêche de couleur sombre, il laissait parfois place à quelques frivolité, comme la couleur, ou les motifs, ou simplement des tissus plus léger.

Les dessous
Les femmes portaient pour tout linge de corps une longue chemise de grosse toile sur laquelle elles laçaient leurs corps à baleines, cet ancêtre de corset. L’étoffe de la chemise était censée protéger la peau des meurtrissures que pouvait infliger le corps à la peau.

La corbeille de mariage

La traditionnelle corbeille de mariage était censée couvrir les besoins du jeune couple. Elle contenait toutes sortes de bijoux, de dentelles, de châles ou de rubans offerts par l’époux à sa promise. S’y ajoute les présents des familles, les amies confectionnaient une couverture de patchwork, qu’elles avaient cousu ensemble à la veillée, les mères y ajoutaient le linge qu’elles avaient reçu pour leur propre mariage. Ce pouvait être une robe de baptême, ou de beaux habits qui avaient survécus à l’épreuve du temps, une robe de mariage. Seule exception, en Bretagne, les femmes se faisaient enterrées avec leur robe de mariée.

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