vendredi 19 septembre 2014

Histoire succinte des couleurs (Michel Pastoureau Inside)

J'aime beaucoup Michel Pastoureau (Historien médiéviste français) et plus particulièrement son ouvrage traitant des couleurs (mais ce qu'il dit est toujours facsinant).
C'est assez bien de lire ce petit livre Le petit livre des couleursParis, 2005. On a un résumé de l'Histoire de chaque couleurs et leur signification ce qui peut être intérressant lorsque l'on traite du costume historique par exemple.

Alors comme j'avais lu ce livre, je vais en faire un petit résumé en commençant par le bleu.


 Le BleuLe bleu est la couleur préférée des européens, mais dans l’Histoire c’est une couleur difficile à fabriquer. Durant l’Antiquité, c’est la couleur des barbares. Ce n’est qu’aux XIIe et XIIIe siècle que le bleu est promu plus générallement. Pourtant, il n’y a pas à cette époque un réel progrès dans la fabrication du bleu. 
On habille également la Vierge de bleu (on est à cette époque dans une pleine expansion du culte mariale) devenant le principal agent de la promotion de cette couleur. On passe du barbare au divin. Dans l’Antiquité existait trois couleurs ; le noir, le blanc, le rouge et l’on passe à un système à six couleurs ensuite. 
A la fin de l'époque Médiévale la Réforme Protestante, utilise différentes couleurs, dont le bleu. La suprématie du bleu sur le rouge dura jusqu’au XVIIIe siècle et c'est à cette époque qu'il triomphe, grâce à l’import de l’indigo.  

Le RougeCouleur de la guerre, de la violence, les soldats romains sont vêtus de rouge. Cette couleur renvoie au sang, au feu, à la mort. Dans l’Ancien Testament le rouge est associé à la faute et à l’interdit, tantôt à la puissance et à l’amour, mettant en place une dualité symbolique. 
On obtient le rouge à partir du kermès, les œufs de cochenille qui paraissent sur les feuilles des chênes. Le récolte est longue et la couleur rendue est lumineuse. Les paysans utilisent quant à eux la garance, qui donne une teinte moins éclatante.
Aux temps de la Réforme, le rouge est la couleur des papistes s'oppossant au bleu des protestants.
La robe de mariée d’Ancien Régime, est généralement rouge. En effet, le jour du mariage, on revêt sa plus belle robe qui se doit d’être rouge, puisque rouge, signifie dire onéreux.

Le BlancLe blanc désigne une absence de couleur et pourtant il n’en est rien, on suppose également qu’il induit l’uniforme, l’homogène, dont la neige à renforcé le symbole car il n’est rien de plus pur, dans l’imaginaire, que la neige. Durant La guerre de Cent ans on a mis en place le drapeau blanc, en opposition au rouge de la guerre.
Le blanc divient la couleur de la robe de mariée à partir du XVIIIe reflétant la virginité. Celle-ci prend une grande importance, car elle ne va plus vraiment de soit. Pour des questions d’héritage, il est important que les enfants du couple, soit bien issus de l’époux de la mariée. Le blanc est également un symbole de propreté, tous les vêtements qui touchaient le corps se devaient d’être blancs. En effet, on faisait bouillir les étoffes (le chanvre, le lin et le coton) pour les laver, et elles perdaient leur teinte durant ce traitement, le blanc restait la couleur la plus stable lors de l’utilisation de cette technique de lavage.


Le Vert Le vert est considéré comme une couleur moyenne, médiane, paisible et non violente. Cela apparait clairement à la fin du XVIIIe siècle, dans le traité de Goethe, qui recommande le vert pour les intérieurs, les papiers peints et particulièrement pour la décoration de la chambre. Le vert était considéré jusqu’au XVIIe siècle comme une marque d’excentricité. 
C’est une couleur passionnante puisqu’elle est assez facile à obtenir dans la nature, mais restant très difficile à stabiliser ; les tissus teints en vert sont difficiles à fixer car ils se délavent facilement. Ce qui dénote une instabilité de cette couleur et la symbolique en fait la couleur du changement, du sort, de la chance. 
Ce n’est qu’au XVIIe siècle qu’on a commencé à mélanger du jaune et du bleu pour obtenir du vert. Cela a commencé avec la découverte des spectres de Newton, et dès lors on a mélangé des cuves de jaunes et d’indigo bleu venu massivement des Amériques. 

Le JauneLe jaune est plutôt une couleur mal aimée, on en a une mauvaise image. Pourtant, dans l’Antiquité les Romaines aimaient porter des vêtements de cette couleur lors des grandes occasions. En Occident, c’est une des couleurs les moins appréciée, tandis qu’en Asie c’est celle qui est associée au pouvoir, puisqu’elle est réservée à l’Empereur de Chine.
Durant l'époque Médiévale le jaune a pris un aspect définitivement négatif, laissant de côté le positif, comme le soleil, la chaleur de cette couleur, pour en faire une teinte matte, triste, qui rappel le déclin, la maladie. Il est ensuite resté comme un symbole de trahison.
Et nous n’avons aucune explication à cela, pourtant c’est une teinture qui tient parfaitement au processus de coloration des fibres textile, elle ne se délave pas et résiste beaucoup mieux que le vert. Le jaune est souvent relégué à la fin des traités qui décrivent les couleurs, le chapitre restant très mince. Jusqu’au XIXe siècle, en peinture, elle n’est utilisée que pour décrire et pointer les traitres du doigt.

Le NoirLe noir est associé aux peurs, mais également à la tempérance à la dignité, l’humilité, renforcé et mis à l’honneur par les Réformés, il est le noir de l’autorité, des juges. Il est aussi la couleur de l’élégance.
Á la fin de l'époque Médiévale, c’est la morale qui a donné un coup de fouet à la technique, car durant longtemps il a été très difficile de fabriquer cette couleur. Les teinturiers italiens, furent très sollicités pour la créer.
De plus, la Réforme déclare la guerre aux tons vifs et professe une éthique de l’austère et du sombre. Le noir est réservé à une certaine élite, et comme sa fabrication est cher, elle reste la couleur de cette élite (Robins, Juges, Gens de justice), ce qui leurs confèrent une certaine dignité.
Le noir est depuis l’Antiquité en occident la couleur du deuil. En revanche, c'est seulement à partir du XVIe siècle, que celui-ci se démocratise et progressivement touche la paysannerie, car le noir est cher et seule l’aristocratie a les moyen de s’offrir des habits de deuil noirs.

Les Demi-couleurs : Pour le Violet le latin médiéval parle de demi-noir, il s’est donc associé automatiquement au demi-deuil. Le violet est également la couleur de la pénitence et il est devenu une couleur très vulgaire. Les Orangés, n’étaient pas produits à partir du jaune et du rouge. On a aussi utilisé le safran, puis le « bois du brésil ». Les couleurs étaient généralement criardes et dénotent aujourd’hui une certaine vulgarité à l'instar du violet. Le Rose, n’a pas eu d’existence définie pendant longtemps, on parlait autrefois d’ « incarnat ». Ce mot voulait représenter la chair, la carnation. Le rose a acquis sa symbolique au XVIIIe siècle, celle de la tendresse, associée à la femme. Le Marron, évoque la saleté et autrefois on utilisait le mot « brun » comme la couleur du pelage de l’ours. Le mot marron est apparu au XVIIIe siècle, dérivé de la châtaigne, c’est un brun plus chaud, plus rouge. Cette demi-couleur a peu d’aspect positif, à moins de vouloir prendre l’humilité des ordres monastiques. Le Gris a presque toutes les caractéristiques d’une vraie couleur, il possède un double symbolisme, il est ancien et n’a pas de référents. Il renvoyait autrefois à la sagesse, la connaissance, l’intelligence. Aujourd’hui il est symbole de tristesse, de vieillesse, de mélancolie. Le gris possède un statut à part, il est une couleur moyenne. 

Voilà pour le pavé. Pour en savoir plus le livre est beaucoup plus complet. Certaines couleurs comme le Bleu ou le Noir possède un ouvrage à elle seule. On peut aussi évoquer un autre ouvrage du même auteur : Rayures une Histoire des rayures et des tissus rayés, Paris, 1995. Ce dernier traite de la signification des tissus rayés et de leur côté négatif et positifs à travers l'Histoire.



Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire